Je ne sais pas ce qui m'a pris, mais j'ai descendu ma Dreamcast du grenier pour y foutre un disque tout rayĂ© de Crazy taxi dedans. J'ai peut-ĂȘtre agi ainsi pour indirectement parler du
tout récent portage PSP du jeu ? Ou alors parce que
les tests de l'époque étaient
carrément tout pourris et qu'il fallait bien que Gamerama se donne la peine de rectifier le tir ? En tout cas le Crazy taxi originel était le porte-drapeau des beaux jours de l'arcade Sega (RIP), avec ses taxis foldingues qui arpentaient des bouts de Los angeles & co. La chose était vénérée par tout un microcosme de
core gamers intégristes d'un gameplay minimaliste sur des parties de trente secondes, on appelait ces gens bizarres les
segasexuels. Heureusement que GTA III a eu la gentillesse de se pointer un an plus tard pour tranquillement humilier ce Crazy taxi, et nous permettre de comprendre Ă quel point Sega Ă©tait un peu rĂ©trograde beaucoup dĂ©gradĂ©. Faut dire que mĂȘme les missions en taxi de ce GTA III Ă©taient meilleures que tout le Crazy taxi. Ca se trouve, ce jeu en fait c'est juste un simulateur de taxi pour journalistes qui veulent aller dans tous les recoins de Los angeles pour suivre l'E3 2007 tout bordĂ©lique ?
En tout cas, dĂšs ma premiĂšre partie j'ai dĂ©boulĂ© en rue pentue pour constater qu'aucun dĂ©cor ne prenait la peine de s'afficher au-delĂ de dix mĂštres !? Le clipping est monstrueux et on peut mĂȘme le rattraper pour se retrouver dans un environnement tout noir ! De violents ralentissements ponctuent systĂ©matiquement certaines zones, sans doute trop chargĂ©es pour la maigrelette Dreamcast. Admettons quand mĂȘme que les graphismes ont une petite carrure et que la ville est dĂ©taillĂ©e comme il faut. Par contre la bande sonore est hallucinante : elle se compose de trois chansons d'Offspring passĂ©es en boucle. Et c'est tout. La rĂ©daction de Gamerama a testĂ©e une session de jeu sur trois heures, et nous avons ainsi dĂ» supporter 23 Ă©coutes de chacune des trois chansons d'Offspring. Non mais Offspring quoi. Vous imaginez notre peine ? Ca a rendu Kenjin fou, il a mĂȘme jurĂ© qu'il allait devenir pĂ©cĂ©sexuel.
L'ambiance
ingame est pleine de joie de vivre : tout le monde est trop fun et festif. On se sentirait presque persĂ©cutĂ© par cette Ă©crasante bonne humeur, symbole mĂȘme de la dĂ©genĂ©rescence culturelle amĂ©ricaine, sans doute. Une odeur d'
arcade superficielle des 90's refoule dans Crazy taxi, avec ce but du jeu rabougri : avec ton taxi, il te faut escorter des clients exigeants d'un point A Ă un point B, le plus vite possible et avec des prises de risque rĂ©compensĂ©es. Ce concept a tĂŽt fait d'ĂȘtre rĂ©pĂ©titif, et on cherche encore la prĂ©tendue profondeur de gameplay prĂŽnĂ©e par tous les segasexuels de l'Ă©poque ? Eux qui s'amusaient Ă apprendre par coeur les positions prĂ©cises des dizaines de clients pour Ă©laborer des trajets parfaits. Oh les cons. Bref, le jeu aurait dĂ» rester dans sa salle d'arcade, oĂč les gens l'apprĂ©ciaient encore un peu. Car il est tout simplement inadaptĂ© aux consoles de salon, dĂ©solĂ© bye @+.
En guise de terrain de jeu, deux petites villes nous sont gentilment proposĂ©es : celle de la version arcade, ainsi qu'une inĂ©dite (complĂštement ratĂ©e d'ailleurs). Toutes deux se traversent, de bas en haut, en cinq minutes douche comprise. L'impression de libertĂ© est illusoire car il n'y a pas d'embranchements possibles, ou alors juste un peu. En fait les villes c'est deux gros circuits fermĂ©s quoi. Qu'on ne peut pas visiter plus de dix minutes ! On peut pas non plus se ballader librement (sans avoir Ă satisfaire les clients), car lorsqu'on s'y essaie les dĂ©veloppeurs sont trop farceurs, ils ont prĂ©vu un horrible combo vocal + textuel nous expliquant que c'est vraiment pas bien ce que vous faites. Peut-ĂȘtre Ă©tait-ce utile Ă la version arcade, mais c'est simplement ridicule sur console de salon. Crazy taxi Dreamcast : adaptation mal torchĂ©e, cherche pas.

Bon sinon le jeu est truffĂ© de bourdes. Les piĂ©tons nous font TOUS des coucous dĂ©biles avec leurs mains et ils aiment s'emmurer vivant en sautant Ă travers les bĂątiments. Les clients disparaissent carrĂ©ment aprĂšs avoir sautĂ©s de notre taxi. Ce taxi qui peut conduire sous la mer et qui rĂ©siste Ă n'importe quel choc, les interactions sont minimalistes et il n'est pas possible de bazarder un peu les villes (un vrai p'tit jeu puritain ma parole). Reculer dans Crazy taxi rĂ©clame d'ĂȘtre un poulpe droguĂ© au Lexomil : il faut d'abord appuyer sur le bouton bleu de la manette, puis maintenir la gĂąchette droite enfoncĂ©e. Et faire la mĂȘme chose en sens inverse pour accĂ©lĂ©rer ! Alors que tout plein de boutons restent non assignĂ©s... Et puis une vue subjective aurait peut-ĂȘtre permis d'apporter un semblant de sensation de vitesse au jeu. Bref, au bout de dix minutes de jeu j'avais de toute façon fait le tour du concept. Ca tombe bien, c'est Ă ce moment-lĂ que ma Dreamcast a plantĂ©e, c'Ă©tait Ă cause du disque tout rayĂ© de Crazy taxi, alors je l'ai jetĂ© et j'ai mis 1/10 au jeu.